mardi 11 novembre 2008

CONGRES DE REIMS:QUEL AVENIR POUR LE PS?



Alors que nombre de « bons penseurs » s’extasient sur la capacité du Parti démocrate américain à organiser et à mener à bien leur primaire, il est tout de même un tantinet curieux de voir fleurir ici et là tant de commentaires désobligeants, voir carrément désagréables, à la fois sur l’ampleur des débats interne au PS, mais aussi sur l’innovation qui a consisté à mettre en scène Ségolène Royal au rassemblement du Zénith. ! Il est clair que ce qui est admirable outre atlantique n’est pas de bon ton dans l’hexagone. Alors que les socialistes débattent autour de motions associées à de fortes personnalités (de qualité et d’expérience, quelque soit le jugement personnel) et structurées politiquement, ce débat là devient soudainement sous nos latitudes « une foire d’empoigne ».

Une révolution discrète au PS

Une première analyse des résultats de vote des mentions au PS a conduit certains analystes à conclure à une victoire de Ségolène Royal, un échec de Delanoë, plombé par l’occurrence de la crise du système capitaliste quelques semaines après s’être déclaré social-libéral... A y regarder de plus près, le nouvel état des forces en présence dénote d’une mutation profonde du PS, brouillée par les rivalités entre présidentiables potentiels. Que nous indiquent les résultats en effet :
1. Les trois premières motions (Royal, Delanoë, Aubry) totalisent 80 % environ des votes sur des programmes, il faut bien l’avouer, sociaux-démocrates. Ségolène Royal a affirmé en effet son ouverture à une alliance au centre-droit démocrate, Delanoë a reçu les soutiens de l’ancien leader du courant dit de la seconde gauche, à savoir Michel Rocard, ainsi que de l’ancien Premier ministre Lionel Jospin, lequel conduisit en son temps une politique sociale-démocrate typique, ce qui lui fut d’ailleurs reproché. Quant à la motion Aubry, elle a rallié nombre de sociaux-démocrates (en particuliers les amis de Dominique Strauss-Kahn) ainsi que des fabiusiens. Si cette alliance paraît contre-nature, il convient de ne pas oublier que, durant ses ministères, Laurent Fabius fut loin de conduire une politique radicale, et que les positions "à gauche" prises ces dernières années furent plus guidées par la tactique politicienne que par de réelles convictions.
Restent donc 20 % pour la motion Hamon, clairement identifiée "socialisme radicale" et soutenue par les tenants de cette ligne (Emmanueli et Mélenchon en particulier).
2. Le départ de Mélenchon prend clairement acte de cet état de fait, en tentant une prise d’autonomie du courant anticapitaliste du parti, cela au moment où le nouveau parti d’O. Besancenot entend représenter l’organisation principale de lutte contre le système économique en place.
Il semble donc qu’une analyse des votes indique clairement le fait que le PS réalise actuellement sa petite révolution sociale-démocrate - son Bad Godesberg- en douceur, sans se l’avouer.

Le rejet d’une certaine conception du PS

Une seconde analyse de ce scrutin est le rejet par les militants de certaines pratiques d’un parti politique structuré autour de professionnels de la politique, de permanents, d’élus, bref en un mot un parti de notables. Modèle dont on voit bien que les votes obtenus par certaines motions (Celle de S. Royal et B. Hamon) qu’il est rejeté par une majorité de militants. Mieux encore ce modèle a fait « patouiller » le PS à toutes les élections à enjeux nationaux (Présidentielles et législatives) et que pour autant ce même parti a démontré sa capacité à convaincre lorsqu’il s’ancre sur le terroir et les réalités, en remportant massivement toutes les élections locales (régionales, cantonales et municipales).

Deux hypothèses

Il semble que le week end prochain où tout peut basculer deux hypothèses s’ouvrent.La première, les éléphants se ressaisissent et acceptent le leadership de S. Royal qu’elle devienne premier secrétaire ou pas, que tous les talents et les idées portées par les uns et les autres, n’en déplaisent à l’UMP, fassent corps pour résoudre la crise économique, et sociale.par la formalisation de propositions claires et ancrées à gauche. La deuxième hypothèse, désastreuse, consisterait à ériger un mur d’airain contre S. Royal et tout ce qu’elle représente, afin de conserver (c’est le mot juste) un PS aux mains des femmes et des hommes qui n’ont pas fait preuve de leurs compétence à rénover les modes de fonctionnement du PS. Ceci avec le risque d’amplifier le phénomène de départs annoncé par J.L. Mélenchon et M. Dolez. Voire la tentation pour S. Royal d’en faire autant et avec le gros de ses troupes et de créer un énième parti de gauche. Ceci serait pour le moins incroyable, car tous ces beaux esprits qui sont allés ensemble sur les bancs d’écoles prestigieuses savent tous que le système électoral de la VIème république aux Présidentielles (puis aux législatives) s’articule autour de : - un parti (à droite comme à gauche) fort, puissant, uni autour de 25 à 30 % des voix) - et autour de ce parti un fort mouvement de rassemblement qui brasse à la fois les petits partis satellites mais aussi la société civile à travers ses syndicats et ses associations.
Une chance de redevenir audible
Il faudra donc s’attendre dans les prochaines semaines à compter avec une gauche recomposée, tel que cela fut le cas en Allemagne avec l’émergence du parti "Die Linke" fondé après le départ d’Oskar Lafontaine du SPD. Qui tiendra ce rôle ? L’avenir le dira. Le NPA de Besancenot occupe déjà le créneau, le PCF, peu audible, tentera probablement de jouer sa carte, sans parler de personnalités comme Clémentine Autain, tenante d’une certaine gauche radicale.
Quant au PS, cette crise peut être une chance pour se définir enfin clairement face aux enjeux sociaux économiques du XXIe siècle, ce qui lui a manqué depuis la fin de l’ère Mitterrand et a conduit aux échecs successifs de L. Jospin et S. Royal aux dernières élections présidentielles. Au moment où la situation économique mondiale a fait apparaître son embarras et son mutisme de façon criante, cette remise à plat peut être pour lui une chance de redevenir audible et cohérent.



1 commentaire:

Marie a dit…

Bravo pour ce premier article. Je partage vos analyse du scrutin mais globalement je trouve les militants injustes avec le soldat Hollande.